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Un petit conte que j'ai écrit l'autre jour, vous comprendrez à quelle occasion...

C'est une graine, ballottée par le vent, tourneboulée, vice-versée... et quand le vent soupire et s'arrête, elle tombe à terre. Elle y reste. Elle doit attendre que la terre l'accueille et qu'une feuille la borde et que le vent la berce et que le soleil la réchauffe. C'est long.

Dans son lit d'humus, elle sort une racine, puis deux, trois, cinq.

Mais un ver de terre passe par là et il mange toutes ses racines. Toutes, sauf une.

Alors la graine continue. A partir de cette racine, elle lance une tige, elle soulève les montagnes de la terre accumulée, elle perce, elle affronte l'air et le soleil toute nue comme ça, et puis elle se couvre, elle se tisse une, deux, trois, cinq, six feuilles.

Mais un escargot passe par là et il mange toutes ses feuilles vertes et juteuses. Toutes, sauf une.

Alors la plante continue. A partir de cette feuille, elle fait grimper une tige, elle s'abrite à l'ombre d'un grand frère. Elle pousse, elle pousse, avec la rosée du matin, la pluie du midi, les rayons du soir, les vitamines de la terre, elle se hérisse d'un, deux, trois, sept branches souples et droites, fières.

Mais une poule passe par là et elle mange toutes ses branches. Toutes, sauf une.

Alors la plante continue. A partir de cette branche, elle l'enveloppe de couches d'écorce, elle grimpe, grimpe, elle aperçoit déjà les feuilles de son frère arbre alors elle fait pareil, elle épanouit un, deux, trois, huit paquets de feuilles bien touffus.

Mais voici qu'un cochon sauvage passe par là et il mange tous ces bouquets de feuilles toutes neuves. Tous, sauf un.

Alors l'arbuste contiue. Avec son bouquet de feuilles, il monte, il monte, il fait des branches, des tiges, des feuilles et enfin, enfin, il fait fleurir une, deux, trois fleurs délicates sous l'oeil du matin.

Mais un cerf passe par là et il mange toutes ses fleurs délicates. Toutes sauf une.

Tant pis. L'arbre renforce son tronc, remonte ses branches, trouve le chemin pour ses feuilles, fait jaillir des fleurs et : sur la fleur du haut : un fruit, deux, trois fruits.

Mais une corneille passe par là et elle mange les fruits. Tous, sauf un.

Et dans ce fruit, l'arbre, il a mis ses graines et dans ses graines, il a mis sa vie.

Une vie qui mijote maintenant dans la terre, sur laquelle il a fait tomber ses feuilles pour tenir tiède. Une vie qui se prépare, juste à côté de lui.

Et maintenant, regarde-le, cet arbre. Il a une cicatrice aux racines, une au tronc, une aux branches, une aux feuilles, mais il est là.

Et toi, toi, mon fils, ma petite graine à moi, tu voudrais me dire que ta vie est trop dure si tu dois faire tes devoirs tous les soirs ?!

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Published by lolo chocolat - dans Contes
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Double texte inspiré d'une activité réalisée dans le cadre de l'Atelier des parents (APComm de Nadine Larcher et Sophie Benkemoun, merci à elles!)

(Mets des lunettes à verres rouges pour lire une première fois. Puis enlèves-les et relis.

Si tu n'as pas de plastique rouge pour les lunettes; lis le texte sans lire ce qui est en rouge et la 2e fois, lis tout)

Il était une fois deux frères. Un jour, leur père les fait venir et leur dit : allez chercher l'aventure et je donnerai mon royaume à celui qui aura le mieux réussi. Le premier frère prend le chemin de gauche et il revient bien fatigué un an après. Le second frère prend le chemin de droite. Il marche un bon moment. Il n'y a rien autour de lui qui ne lui inspire une grande envie de liberté. Pourtant, voici une vieille qui est assise au bord du chemin avec un fagot. Ouhlala, quel vieux machin ; elle se traîne sans doute ce fagot depuis des heures.

Il fait un geste pour l'aider : il prend le fagot, le jette sur ses épaules et reprend la route avec un sourire. Et la vieille sourit aussi quand il pose enfin le fagot devant sa pauve masure. Il est content d'avoir pu la soulager.

« Que chacun ait récompense de ses actes !, dit la vieille. Tu m'as donné ton aide, je te donne un conseil : veille à prêter à l'autre ce qu'il n'a pas.

Sur ses mots, elle se détourne.

Le garçon parvient à un château où chacun fait une drôle de tête. Il est immédiatement introduit auprès du roi.

« J'ai besoin d'aide. Dans l'aile Ouest du château, tout le monde hurle et vocifère. C'est pénible, horrible, terrible. Je veux savoir pourquoi, je veux savoir quoi faire. Aides-moi, tu ne le regretteras pas. »

Le garçon se dit que voilà une bonne occasion de mettre en pratique, peut-être, le conseil qu'il a reçu.

L'aile Ouest est remplie de gens, jeunes et vieux, bourgeois et domestiques, qui hurlent à qui mieux-mieux, tout seuls ou les uns sur les autres, et qui font de grands gestes.

Je ne vais jamais y arriver , pense-t-il. Je me sens dépassé. Je vais avoir besoin de toute mon énergie, ma patience et de l'aide des autres. Il faut frapper un grand coup.

Le garçon commence par les observer. Et il se souvient : veille à prêter à l'autre ce qu'il n'a pas. Il se tait et prend le temps. Voyons : qu'est-ce qu'ils ont : de la voix, des mots, du volume. Qu'est-ce qui manque et ses oreilles le lui disent assez ? Du silence, bien sûr !

Il lève la main pose un doigt sur ses lèvres. Il se tait et ça leur donne effectivement un bon coup de pouce pour comprendre subitement que le garçon ne parle pas mais les écoute. Ils sont tout étonnés. à mesure qu'ils se sentent enfin écoutés, le volume de leur voix diminue et, quand ils ont terminé ce qu'ils ont à dire: ils se taisent.

Le garçon sort à toute vitesse de la pièce : majesté, c'est pas bien compliqué : vous pouvez en assommer un de temps en temps par vos ordres ou vos conseils, mais le mieux est encore de les écouter avec la plus grande attention. S'ils crient, c'est qu'ils ne trouvent aucune oreille en face d'eux. Bref, ils sont devenus sourds à force de ne pas être écoutés. Comment écouter les autres si l'on n'a pas été écoutés soi-même ?  Donnez le bon exemple !

- Très bien. Que l'on applique le remède de ce jeune homme. »

Au bout de trois jours, que se passa-t-il ? Le remède se propagea et tout le monde s'y mit. Personne n'hésitait plus à taper à la porte de son voisin et à se préoccuper de comment il se sentait.

Cependant, dès que le remède manquait d'être appliqué, le mal recommençait. C'était un vrai changement d'habitude que de tordre le cou au manque d'écoute de son voisin. Ça prendrait du temps.

Le roi convoqua notre héros. Il était tout rouge de reconnaissance et renvoya le garçon en l'assurant de son amitié et en saluant son départ avec 3 coups de canon.

Le garçon se saisit d'un sac de pièces que le roi tint à lui octroyer.

Il rentra chez lui en courant car plusieurs de ceux qu'il avait guéris par les soins que l'on sait voulaient lui rendre la pareille et le suivaient.

Le voilà devant le roi son père : « Je rapporte un trésor et ça m'a coûté... cher père, pas mal d'efforts de changement : le respect de tes voisins. Ecouter n'est pas facile mais on est payé de retour, sans doute. Voilà ce que j'ai appris et j'espère le faire fructifier à l'avenir. »

Le roi enleva ses lunettes rouges et décida d'attendre le retour du second garçon (fais comme le roi, enlèves tes lunettes et relis l'aventure)

Maintenant que les deux frères sont rentrés : lequel a le plus rapporté de son voyage et va devenir roi ?

Le roi a dit : merci mes fils, vous m'avez appris que, suivant les lunettes qu'on se met pour vivre, on ne voit pas les choses pareilles.

 

 

 

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Ce texte faisait partie de "L'arbre à souhaits" mais finalement, il ne va peut-être pas y rester. En tout cas, je l'aime bien quand même !

L'arbre de vie

Un jour, le roi des singes a trouvé qu'il n'était pas honoré à la hauteur de son mérite.

Alors il a réuni tous ses sujets et il leur a dit : « singes, singettes, guenons, guennonzes ; trucs à longs poils, mes amis : vous allez me trouver le plus grand arbre de la forêt, vous le coupez, vous le débitez, vous le sculptez et vous m'en faites un trône, que je puisse parader à la hauteur de mon mérite »

Les sujets, ils se sont regardés et puis ils ont osé : « mais votre majesté, maître, votre beauté : le plus bel arbre de la forêt, c'est l'arbre sacré et dedans il y a le génie de la forêt. Si le génie s'en va, qu'est-ce qu'on va devenir ? »

Le roi a fait grrrrrrrououfffffffff gros yeux féroces, grandes dents pointues et tout le monde s'est tu.

Ils ont coupé l'arbre, ils ont débité l'arbre, ils ont sculpté l'arbre. Maintenant, le roi singe était assis sur un beau trône sculpté et il y avait un grand trou dans la forêt.

Les ministres du roi, les secrétaires d'état du roi, les grands chefs, les petits chefs, les aspirants-chefs, les qui-auraient-bien-voulu-être-chefs, les c'est-pas-juste-c'est-moi-qui-aurais-dû-être-chef et même les de-leur-propre-chefs ont suivi son exemple et chacun a coupé un arbre, débité l'arbre, sculpté l'arbre pour avoir un joli trône sculpté sur lequel parader toute la journée à la hauteur de son mérite. Et maintenant il n'y avait presque plus de forêt.

Quand le soleil s'est mis à cogner si fort, il n'y avait plus d'ombre et l'herbe a séché. Quand les grandes eaux sont arrivées, il n'y avait plus d'herbe, et l'eau a emporté la terre. Et maintenant, il y a des singes qui n'ont plus eu à manger que... des cailloux et des trônes pour parader à la hauteur de leur mérite.

 

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Il était un jour, il était une terre. Sur cette terre, une petite fille qui pleure. Fort. Ses larmes qui percent la terre sont salées de colère, tristesse, désespoir peut-être. Pourquoi elle pleure, on ne sait pas. Peut-être pour une broutille mais peut-être pas. Ses larmes frappent et courent dans la terre, ses larmes dessinent comme des galeries de misère. Ses mains aussi frappent, et roulent et tordent la terre. Et puis petit à petit avec ses deux mains d'enfant triste et forte, elle façonne une puis deux poupées. Elle leur fait des bras et des jambes, une tête, des yeux et oreilles. Sur cette terre qu'elle a abreuvée de ses larmes et de ses espérances, elle leur dessine un drôle de sourire.

Et puis d'un coup, elle les prend, elle court et elle les jette dans le feu. Quand elles ont bien brûlé, la petite fille les sort du feu avec un grand bâton noir. Elle se penche sur elles et souffle souffle pour les faire refroidir. Et elle leur dit : « Puissiez-vous défendre la justice ».

Elle les regarde longuement, les deux petites poupées de terre au drôle de sourire, elle les prend et les cache sous une pierre.

Quand la nuit vient, les poupées sont toujours là. Quand la lune arrive, les poupées ne sont plus là. Elles se lèvent et s'en vont découvrir le monde.

La première poupée roule et cabriole depuis le haut de la colline. Rouleroule rouleroule

Ho, elle a tant roulé cabriolé qu'elle a buté contre un caillou. Hélas, ce n'est pas un caillou, c'est un loup qui n'est pas content du tout.

« Poupée de terre, terre de misère, que fais-tu donc sur mon chemin ?

- Monsieur le loup, je vais de par le monde défendre la justice

- Défendre la justice, tu me fais bien rire ! Mais si tu ne me donnes rien, tu ne passeras pas. Tu n'as pas besoin de deux bras pour défendre la justice ! »

Et d'un coup de croc, le loup lui tranche un bras.

La poupée recommence à rouler cabrioler. Rouleroule Rouleroule

Elle a tant roulé cabriolé que, folle/aveugle qu'elle est, elle a heurté... le loup.

« haha, encore toi ?!

- Monsieur le loup, laisse-moi passer, je vais de par le monde défendre la justice

- Pour passer, tu donneras un bras. Pas besoin de bras pour défendre la justice. Tes jambes suffiront »

Et d'un coup de croc, le loup lui tranche son deuxième bras.

Cahin-caha, bonant-malant, la poupée recommence à rouler cabrioler. Rouleroule Rouleroule

Elle a tant roulé cabriolé que, folle qu'elle est, de nouveau face à elle, elle trouve... le loup.

« Monsieur le loup, laisse-moi passer, je vais de par le monde défendre la justice

- Pour passer, tu donneras une jambe. Pour défendre la justice, une seule te suffira »

Et d'un coup de croc, le loup tranche sa jambe.

Cahin-caha, bonant-malant, la poupée recommence à rouler cabrioler. Rouleroule Rouleroule

Elle a tant roulé cabriolé que... voilà de nouveau le loup.

« Monsieur le loup, laisse-moi passer, je vais de par le monde défendre la justice

- Pour passer, tu donneras ta deuxième jambe. Qu'as-tu besoin de jambes ou de bras quand on a le courage/bon droit pour soi ? »

Et malgré les suppliques de la poupée, le loup a croqué la deuxième jambe.

Sans ses bras, sans ses jambes, la poupée est devenue petite si petite avec juste ses yeux pour pleurer. Elle est tombée dans un fossé et n'a pas pu se relever. S'en est fini de courir le monde.

Mais la deuxième poupée est restée en haut de la colline et elle a vu ça. Elle est allée près du feu chercher un couteau pointu et s'en est allée elle aussi découvrir le monde.

La deuxième poupée roule et cabriole depuis le haut de la colline. Rouleroule rouleroule

Ho, elle aussi elle a tant roulé cabriolé qu'elle a buté contre... le loup.

« Poupée de terre, terre de misère, que fais-tu donc sur mon chemin ?

- Monsieur le loup, je vais de par le monde défendre la justice

- hoho, je crois que j'ai déjà entendu ça ! Si tu ne me donnes pas une de tes mains, je te barrerai le chemin !

- Pour barrer le chemin, le loup, tu n'as pas besoin de tes pattes ! »

Et d'un seul coup de couteau, la deuxième poupée tranche les quatre pattes du loup – et sa queue.

Le loup n'a pas le temps de dire ouf tellement il est surpris, il dégringole au fond d'un fossé et il y est resté.

Alors la deuxième poupée a ramassé les pattes du loup. Elle a rejoint sa sœur, petite si petite et si faible. Elle a recueilli ses pleurs et avec eux elle a raccommodé les pattes sur ses bras et ses jambes coupés.

Comment croyez-vous que l'histoire s'acheva ? La poupée aux bras et jambes de loup a-t-elle conservé sa douceur et bercé sa sœur ou, devenue dure et cassante, l'a-t-elle dévorée ?

Seuls ceux à qui un loup a coupé les mains connaissent la réponse.

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Il était une fois un chemin ; au bout de ce chemin, il y a une colline, en haut de cette colline, il y a une cabane et dans cette cabane, il y a une vieille.

Une vieille maigrelette, aigrelette, guillerette.

Si elle est guillerette c'est que sur la colline d'en face, il y a sa sœur. Une vieille encore plus vieille et tordue qui fête son anniversaire dans sa cabane perchée.

Alors la vieille fait son ménage et s'habille : elle met un bas, un autre bas ; et puis elle met dans son jupon, une jambe, une autre jambe, sur son jupon sa jupe ; et puis elle met dans son chemisier un bras, un autre bras, son chemisier jusqu'en bas ; et puis elle met dans ses chaussures un pied, un autre pied, bien noués les lacets ; puis des colliers, puis des bracelets, puis des manteaux, puis des chapeaux... elle s'est faite bien belle, la vieille !

Elle ferme la porte de sa maison, met la clé sous son paillasson et elle part en trottinant.

Trotti trotta,

la vieille au pas

trotti trotta

descend en bas

de la colline mais qu'est-ce qu'il y a là ?

Un grand loup l'attend sur le chemin :

« tu tombes bien la vieille, j'avais justement grand faim !

- ho le loup, moi, qui suis toute maigrelette, toute aigrelette, tu ne ferais qu'une bouchée de moi et tu aurais encore bien faim ! Mais je vais chez ma sœur d'en haut de la colline. Pendant trois jours, on va manger, danser, se régaler. Quand je reviendrai, je s'rais repue, dodue, ventrue. T'auras qu'à me manger à ce moment-là ! Alors là, oui, tu feras un fameux repas/festin !

- Ha oui da, ça c'est une bonne idée ! » et le loup se lèche déjà les babines et laisse passer la vieille.

La vieille arrive chez sa sœur. Et pendant trois jours, elles mangent, elles dansent, elles se régalent. Et le lendemain, elles recommencent. Sacré anniversaire qu'elles font là. Au bout des trois jours, la vieille doit repartir. Et elle dit à sa sœur :

« le loup m'attend en bas sur le chemin pour me manger maintenant que je suis bien repue, dodue, ventrue.

- Ne t'inquiètes pas, j'ai ce qu'il faut pour te cacher ! »

Et la plus vieille farfouille dans un tiroir et sort une noisette. La moins vieille essaie de rentrer dedans ; elle plie ses bras, ses jambes, sa tête, son jupon, sa jupe, son chemisier, ses chaussures, ses manteaux, ses chapeaux, ses colliers, ses bracelets. Mais rien à faire : ses pieds dépassent :

« j'ai bien mangé, j'ai bien bu et mes pieds ne tiennent plus. O ma sœur, si le loup me les mange, avec quoi irai-je chercher dans ton jardin les fraises que tu aimes tant ?

- tu as raison, ma sœur, je vais trouver autre chose. »

La plus vieille farfouille dans un placard et en sort une noix. La moins vieille essaie de rentrer dedans ; elle plie ses bras, ses jambes, sa tête, son jupon, sa jupe, son chemisier, ses chaussures, ses manteaux, ses chapeaux, ses colliers, ses bracelets. Mais rien à faire : ses mains dépassent :

« j'ai bien mangé, j'ai bien bu et mes mains ne tiennent plus. O ma sœur, si le loup me les mange, avec quoi irai-je pétrir la pâte à tarte bien croquante que tu aimes tant ?

- tu as raison, ma sœur, je vais trouver autre chose. »

La plus vieille farfouille dans son grenier et en sort un melon. La moins vieille essaie de rentrer dedans ; elle plie ses bras, ses jambes, sa tête, son jupon, sa jupe, son chemisier, ses chaussures, ses manteaux, ses chapeaux, ses colliers, ses bracelets. Mais rien à faire : son nez dépasse encore :

« j'ai bien mangé, j'ai bien bu et mon nez ne tient plus. O ma sœur, si le loup me le mange, avec quoi sentirai-je que la tarte aux fraises que tu aimes tant est prête ?

- tu as raison, ma sœur, je vais trouver autre chose. »

La plus vieille sort cette fois dans son jardin et revient avec une énorme pastèque. La moins vieille essaie de rentrer dedans et cette fois-ci, elle tient très bien dedans, avec ses pieds, ses mains, son nez, tous ses bijoux, tout.

Mais au moment de la laisser partir, sa sœur lui dit :

« Au fait, tu n'avais pas parlé de tarte aux fraises ? »

Alors la moins vieille ressort de la pastèque, va chercher des fraises sur ses pieds, pétri la pâte avec ses mains, cuit une énorme tarte aux fraises qu'elle sort du four juste au moment où elle sent délicieusement bon et les voilà toutes les deux qui mangent, qui boivent, qui se régalent encore toute une journée et une nuit.

Mais le lendemain, la vieille doit repartir. Elle essaie de rentrer dans la pastèque. Mais elle ne rentre plus dans la pastèque. Quelque soit la position dans laquelle elle se met, il y a toujours un bout qui dépasse. Alors la plus vieille retourne dans son jardin et cueille la plus grosse courge qu'elle trouve. Elle se glisse dedans et tout va bien.

Rouli roula

la vieille au pas

rouli roula

roule jusqu'en bas

de la colline mais qu'est-ce qu'il y a là ?

Le grand loup qui attend sur le chemin. Et alors là, une courge, c'est plus gros qu'une noisette, ça se voit bien sur un chemin et ça cogne même le loup. « Ouille », fait le loup qui est un peu énervé par son ventre qui gargouille (ça fait maintenant quatre jours qu'il attend ne l'oublions pas).

« Hé la courge, t'aurais pas vu une vieille repue, dodue, ventrue ?

- heu non, je n'ai vu qu'une noisette avec des pieds, une noix avec des mains et une pastèque avec un nez, mais je suppose que ce n'est pas ce qui t'intéresse ?

- ha non, ça je m'en moque complètement ! Allez, roule ton chemin courge à la langue bien pendue et qui sent la fraise ! »

Et le loup va donner un bon coup de pied pour se débarrasser de cette courge quand il aperçoit un petit bout de la jupe de la vieille qui se met à dépasser de la courge. Il se penche pour voir ça de plus près mais juste à ce moment-là, il y a une énorme pastèque qui déboule de tout en haut de la colline :

Rouli roula

roule jusqu'en bas

rouli roula

de la colline qu'est-ce qu'il y a là ?

Boum dans les fesses du loup qui va s'assommer sur le bord du chemin, tandis que la courge et la pastèque terminent leur course en remontant tranquillement la colline d'en face.

Quand elles sont arrivées à la maison, la moins vieille a pris la clé sous le paillasson, elle a ouvert la porte et la plus vieille a dit : « je suis sûre que les fraises sont meilleures chez toi ». Et elles sont entrées.

Quant au loup, il est parti clopin clopant et il n'a jamais osé raconter qu'il avait été assommé par une courge avec une jupe et une pastèque avec un nez ! Il a bien fait.

Rouli roula rouli roula

si je l'ai racontée

rouli roula rouli roula

c'est que l'histoire a poussé

rouli roula rouli roula

dans un pépin de noix

ma foi !

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